Le secteur des transports souffre de défaillances structurelles, et en dépit des efforts déployés pour y remédier, la situation demeure préoccupante. Pourtant, de grandes mesures ont été prises et des projets mis sur les rails.
Il y a, certes, des causes structurelles liées à la vétusté des équipements, aux stations et aux rails et autres matériels roulants non renouvelés. Mais également, les actes de vandalisme, de saccages, sans cesse pointés par les responsables de la Société nationale des chemins de fer tunisiens (Sncft). Constat fait par le Président de la République en personne lors d’une visite inopinée au dépôt ferroviaire de Djebel Jelloud ainsi qu’à la station de métro Tunis Marine.
Ainsi, outre les déficiences structurelles et objectives, le Chef de l’Etat avait déploré l’existence de la ferraille rouillée et abandonnée et de rames inexploitées parce que hors d’usage. Ce qui constitue une anomalie inadmissible au moment même où les citoyens souffrent de difficultés importantes de déplacement.
Ces tristes constats trouvent également leur origine dans des cas de grande corruption qui rongeaient, par le passé, le secteur, dont notamment le scandale des rails de métro posés après d’importantes pertes financières, avant d’être littéralement enfouis sous terre.
Des projets considérés par les investisseurs comme à haut risque
Les autorités compétentes, secouées par les injonctions du Président de la République, se sont mises à la tâche en faisant voter par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) une loi relative à la convention de crédit d’un montant de 172,7 millions de dinars (55 millions de dollars) conclu entre la Tunisie et le Fonds saoudien pour le développement (SFD) pour le cofinancement d’un projet de rénovation du réseau ferroviaire destiné au transport du phosphate.
Ces investissements interviennent après de longs moments de désintérêt dus, selon les experts, à la faible rentabilité de ces projets, aux délais de récupération, généralement très longs, et par une valeur nette faible et peu attractive pour les investisseurs privés en quête de rendements rapides.
En outre, les coûts d’exploitation sont élevés, notamment pour l’entretien du matériel roulant, outre la consommation de carburant qui impacte considérablement la rentabilité de ces projets. Une situation qui décourageait les investisseurs potentiels qui refusaient de financer des projets considérés comme à haut risque.
Un autre élément considéré comme rédhibitoire par les investisseurs, le coût de financement élevé, souvent supérieur à 14%. Cette situation rend extrêmement difficile la viabilité économique de ces investissements, plus particulièrement pour le secteur privé.
Vivement la ligne D du RFR !
Le secteur des transports avait souffert par le passé également de problèmes de gouvernance, d’où l’obligation de mettre en place un cadre réglementaire et institutionnel plus favorable.
Ainsi, après ces percées favorables au transport du phosphate, tout l’espoir est que d’autres avancées seront réalisées pour le transport des usagers, avec la mise en service d’ici à la fin de l’année 2024 de la ligne D du Réseau ferroviaire rapide (RFR) qui relie la place de Barcelone (centre de Tunis) et la station de Gobâa (ville de La Manouba).
D’ailleurs, une fois cette ligne mise en service, au moins huit cités vont en bénéficier, à savoir Mellassine, Erraoudha, Le Bardo, Bortal, La Manouba, les Orangers et Gobaâ auxquelles s’ajoutera Mnihla.
En tout état de cause, et dans le cadre de sa politique nationale des transports, la Tunisie a fait du secteur ferroviaire une priorité avec des prévisions d’investissements de l’ordre de 36 milliards de dinars d’ici à l’horizon 2040.